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Sur la malhônneteté intellectuelle en milieu universitaire

dimanche 2 décembre 2007

Voici un tract de Rennes II. 23 novembre 2007

Se répand sur les campus actuellement, un questionnement, une incompréhension des étudiants face à ceux qui, hier encore, se prétendaient être les alliés, voire les garants du savoir, de la critique et de la liberté de la jeune génération.

Pourquoi les professeurs, ceux qui se revendiquent contre les mesures du gouvernement, contre ses lois et ses réformes, favorables à un mouvement social, ne parviennent-ils jamais à prendre effectivement (dans ses effets) part à la grève ? Pourquoi le fait de ne pouvoir assumer cette position de gréviste les poussent-ils même à adopter une posture inverse ou fuyante, allant jusqu’à participer aux milices crées par leur hiérarchie ; acceptant sans broncher (ou, pour d’autres, en ne faisant justement QUE broncher) l’intervention des forces de l’ordre dans leur établissement ; se persuadant de la véracité du grotesque tissu de mensonges relayé par les médias ; tentant de faire croire que les risques, les formes et les méthodes de la grève sont les causes de la rupture et que nous, les grévistes, détenons donc l’entière responsabilité de leur absence.

Ils oublieront. On oublie très vite ce genre de comportements et leurs conséquences, dont on n’est pas forcément très fier mais dont on s’est persuadé, tous ensemble, dans l’élan d’une AG statutaire présidée par sa hiérarchie, qu’on a bien fait, qu’on n’avait pas le choix et que ça allait dans l’intérêt de tous… (et surtout de certains).

Mais les étudiants, eux, oublieront-ils si le retour devant leurs professeurs devait se faire « comme avant », « normalement » ?

En adoptant cette posture, le corps professoral nie la responsabilité commune des étudiants et des profs face à l’attaque qui est faite à nos lieux d’étude et de recherche. Ils nient surtout notre responsabilité commune du présent et l’attaque qui NOUS est faite.

Nous les grévistes, sommes encore une minorité… la faute à qui, sinon aux éternels absents ? Nous sommes une minorité mais avons pris position. Nous sommes là où nous devons être par rapport aux idées que nous portons et face à ce qui nous est imposé chaque jour en sein de nos établissements intellectuellement puants ; de nos boulots de survie, de nos logements plus ou moins étriqués et minables, de nos perspectives bouchées, de nos villes inhumaines, et de nos vies que nous sentons de plus en plus dirigées. Nous agissons en conséquence d’un contexte, sans attendre de la part des autres que les formes du mouvement nous conviennent, mais plutôt en agissant nous-mêmes sur ces formes, malgré nos oppositions, pour que celles-ci tendent à nous convenir et qu’elles aient quelques conséquences sur le monde contre lequel nous luttons. Les milices et autres spectateurs de la grève prétendument contre la LRU, eux, ne se positionnent toujours qu’en fonction du plus grand nombre. Il faut être du côté du nombre, toujours attendre le confort des masses et l’anonymat ou l’absence qu’elles peuvent garantir ; ou pire, ne pas être du tout, absent du débat, quitte à agir ou laisser agir en désaccord avec ses propres convictions. Et ça prétend soutenir, savoir et donner des leçons depuis les méthodes et l’histoire des luttes et des acquis sociaux jusqu’à la façon de tenir propres des locaux ! Pire encore, ça vient nous dire, la bouche en c¦ur, que nous nous y prenons mal, que nous détruisons notre outil de travail plus encore c’est sûre que la LRU, que la prétention intellectuelle de certains chercheurs, que l’autorité de l’administration, que les flics qui occupent nos campus ! Oui ça donne des leçons, ça ne sait d’ailleurs plus faire que ça ! Laissez nous vous dire qu’affirmer son soutien entre deux portes ne soutient rien ! Que nous saturons des donneurs de leçons ! Quelle prétention pour cacher une si grande naïveté sur la réalité sociale et politique de ce monde ! Quelle misère intellectuelle pour une élite !

Quelle malhonnêteté surtout ! Car soyons clairs, ce qui entrave l’action du personnel enseignant des universités, ce n’est pas tant que ça la forme et les méthodes mises en place par le mouvement et que personne par ailleurs ne leur demande d’adopter. Ces personnels ne sont simplement pas capables d’en inventer d’autres, efficaces, et de les mettre en place. Non, ce qui empêche les profs de se mobiliser est bien plus complexe et bien moins honorable que la lucidité qu’ils prétendent avoir, toujours depuis l’extérieur, sur notre mouvement. Ce qui les neutralise c’est la peur de leur hiérarchie, le confort de leur condition et l’arrogance de leur statut.

Inutile de revenir longuement ici sur les pressions de la hiérarchie. Tout le monde a pu constater à quel point les présidents d’université ont été capables de manipulations et de pressions sur leurs personnels, les persuadant du danger d’un mouvement pour la survie de leur fac là où ils défendent surtout leur propre place dorénavant soumise à la concurrence, à l’examen des chefs d’entreprises, à l’autorité d’un gouvernement fascisant. Ces managers du savoir ont mis un point d’honneur à persuader leurs petites mains de l’aspect « contre-productif » du blocage. Productif/contre-productif, des termes d’hors et déjà aussi récurrents dans la bouche des personnels que majorité/minorité, légitimité/illégitimité dans celle des contre- bloqueurs… Des termes à enregistrer pour un avenir ou le minoritaire et le non rentable n’auront plus droit de cité ! L’attitude et les propos mensongers des présidents d’université, téléphone rouge du ministère greffé à l’oreille, tend à pousser ainsi les profs à tout accepter pour le maintient de nos universités dans n’importes quelles conditions y compris celles à venir de facs soumises aux intérêts privés. Ils sont à présent tout disposés à créer des milices pour en découdre avec les « spécimens révolutionnaires » décrits dans les médias gouvernementaux ou à faire pression sur les grévistes (menace de suspension de contrats de vacataires, de représailles sur la notation des contrôles continus, suspension de stages…)

Nul besoin non plus de s’attarder sur le confort de la condition du personnel enseignant. 26 000 euros brut annuel en début de carrière pour les maîtres de conf., 33 000 euros pour les professeurs- chercheurs… et jusqu’à près de 70 000 euros annuel en fin de carrière. Du peu qu’il y est deux salaires du même acabit… De quoi continuer de penser à gauche tout en vivant tout à fait à droite ! Assez en tout cas pour visiblement ne plus voir la nécessité de se mobiliser. De quoi poursuivre paisiblement l’examen de son nombril et se questionner sur la bonne place de son dernier article signé dans sa revue spécialisée préférée, bien au chaud dans ses pantoufles pendant que les étudiants se battent au rythme du bruit des bottes.

Mais ce qui est bien plus intéressant encore c’est l’arrogance que sous-tend le statut de professeur-chercheur ; la manière dont ce titre conditionne la non-mobilisation sinon l’inertie du corps enseignant. Ce qu’un mouvement étudiant et les situations qu’il crée peut dévoiler de la prétention universitaire est révélateur des rapports nauséabonds qui existent en permanence entre les profs et leurs étudiants. Des rapports qu’entretient le contexte « normal » et « tranquille » que ces mêmes profs souhaitent au plus vite retrouver mais que les étudiants ne pourront bientôt plus (ré)accepter. C’est aussi extrêmement révélateur d’un rapport au savoir qui doit être remis en question.

Un prof ne pourra-t-il jamais prendre effectivement part au mouvement ?

… Au plus mènera-t-il sa petite grève corpo parallèle entre orga syndicales, deux ou trois jours par mois, aux heures de mobilisations nationales. Car prendre réellement part au mouvement signifierait rétablir un rapport d’égalité avec les étudiants, or on ne mélange pas les savants et les ignorants. S’abaisser à partager la grève, des moments de grève, un repas, une discussion basée sur l’échange plutôt que sur le gavage, une action, un dortoir… est de toute évidence quelque chose d’inimaginable pour un prof. Agir et décider en commun semble une idée insupportable. Il y perdrait inévitablement sa posture de dominant, son statut particulier, sa dimension d’élite. Son inscription dans un mouvement commun l’amputerait du contrôle individuel qu’il a en toute circonstance sur les choses. Et le sage n’accepte pas que quoique ce soit le déborde. Il préfère donc sa position d’intellectuel pensant, et bien-pensant tant qu’à faire, face aux écervelés de l’occupation des facs… Il préfère son statut de théoricien qui le dégage de l’action et des tâches ingrates de l’organisation de la grève, qu’il réserve du coup à d’autres. Il se place donc au mieux en posture de spectateur face aux acteurs du mouvement… La très confortable position de spectateur qu’il brandit comme garante de son objectivité intellectuelle, qui le dispense d’assumer en acte sa position politique et qui est surtout la preuve flagrante d’une grande malhonnêteté intellectuelle qui cache mal une réelle prétention et un manque de courage évident !

Le fait est que la plupart des enseignants-chercheurs tiennent bien trop à leur fameux statut d’élite. Ils pensent leur savoir tout puissant, et le placent au dessus et même au-delà de tout, y compris des orientations politiques de ce pays !

Un prof peut être tellement aliéné à sa condition de prof que si vous lui dites que vous comblez largement le manque de cours par l’enrichissement personnel que vous apporte l’expérience de la grève, vous l’anéantissez littéralement ! Il y a une telle sacralisation du contenu de leur cours chez les enseignants qu’il est impensable pour eux de suspendre le déroulement normal des choses pour s’inscrire dans une lutte commune et de se dire que vraiment, dans un contexte si particulier, cela peut-être bien plus enrichissant et important qu’un TD ou qu’un magistral cours. Si vous insistez, ils n’hésiteront pas à vous tenir le grand discours humaniste sur leur rôle de passeur de savoir là où nous les accusons de faire de la rétention.

Car ce que le prof dispense depuis son amphi à ses étudiants ne constituent nullement l’objet et l’intérêt de sa recherche. Nous n’avons le droit qu’aux banalités de programmes décervelants. Le prof qui nous affirme que son savoir est infini mais que nous ne sommes capables d’en recevoir qu’une partie, garde en fait le reste pour plus savant, les lecteurs de revues spé, les amateurs de colloques internationaux voire les chefs d’entreprises susceptibles, plus que vous, d’assurer sa renommée. Le vrai savoir intéressant, il tient (ô comble de l’idée d’enseignement et de transmission) à le garder pour lui, pour ses confrères érudits, et pour tout ce qui, de manière générale, peut être signé et reconnu. Et ce que cela laisse présager du mépris des professeurs envers leurs étudiants est bien inquiétant.

Voilà pourquoi un prof ne semble pouvoir prendre effectivement part au mouvement. Parce qu’exactement comme les occupants des facs cessent d’être étudiants au moment même où ils s’engagent dans la grève, luttant ainsi tous ensemble avec les chômeurs, les salariés, les précaires, les lycéens, les jeunes des banlieues… s’inscrire dans la lutte c’est simplement ETRE LÀ, CESSER D’ETRE PROF et renoncer, au moins pour un temps, à son statut. S’inscrire dans une lutte c’est de manière inconditionnelle rétablir ce rapport d’égalité qui conditionne les prises de paroles, la répartition des tâches et des richesses, l’échange des savoirs, la participation et l’expression de tous… et c’est même probablement se battre pour.

11 Messages de forum

  • Trop facile.
    Et si les profs en avaient marre des émois prépubères des étudiants qui éclatent tous les 18 mois à Rennes 2 ?
    Et si les profs étaient majoritairement d’accord avec la majorité des articles de la LRU ( je ne dis pas la totalité) ?
    Et s’il était plus sérieux de discuter de certains articles de la LRU plutôt que d’en demander la chimérique abrogation ?
    Et si la « malhonnêté intellectuelle » était du côté des étudiants bloqueurs ?
    Et si elle était du côté de certains enseignants de certaines disciplines (en sciences sociales) qui vibrent dès que le « mouvement social » refait surface ?
    Décidément, trop facile. Vous avez toujours raison car vous êtes jeunes et vous dites de gauche. Trop facile.
    En fait, vous êtes furax parce que le « mouvement » s’étiole, s’il n’est pas déjà franchement moribond. C’est pitoyable d’en arriver à de tels arguments.
    Allez, mettez-vous au boulot !

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    • Sur la malhônneteté intellectuelle en milieu universitaire 3 décembre 2007 11:37, par reponse à Larzalier

      Bravo pour ces inepties Mr Larzalier. Votre commentaire montre bien de votre part un total manque d’analyse. Pas fameux pour un prof d’université...
      Même pas la peine de répondre à ce tissu de mensonges et d’erreurs, à sa seule lecture on comprend bien quels interets se cachent derrières.

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      • « Même pas la peine de répondre ». Dont acte. Ça en dit long sur votre longueur de vue.
        « Quels intérêts » ? Mais dites-le, bon sang !
        Votre texte n’est qu’un tissu de mépris et de malentendus qui vous arrangent. Si vous détestez tant l’université, laissez-la tranquille.

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        • Sur la malhônneteté intellectuelle en milieu universitaire 3 décembre 2007 22:22, par reponse a Larzalier

          Quels interets ?
          « Et si les profs étaient majoritairement d’accord avec la majorité des articles de la LRU ( je ne dis pas la totalité) ? Et s’il était plus sérieux de discuter de certains articles de la LRU plutôt que d’en demander la chimérique abrogation ? »
          Je vous pose la question etes-vous pour la LRU ?

          « Et si elle était du côté de certains enseignants de certaines disciplines (en sciences sociales) qui vibrent dès que le »mouvement social« refait surface »
          Vous ne semblez pas aimer les mouvements sociaux...mais j’espère que vous ne vous positionnez pas de la même façon pour le progrès social que ceux ci apportent

          « Si vous détestez tant l’université, laissez-la tranquille. »
          Au contraire, c’est parce que l’on aime l’université, lieu de reflexion et de savoir que nous nous battons contre sa privatisation.

          Parceque je sens que vous avez cela en tete, je vous reponds par avance : je ne dis pas que ce qui se passe sur Rennes 2 est formidable et très loin de là (voir commentaire sur autre article sur les médias)

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      • Sur la malhônneteté intellectuelle en milieu universitaire 3 décembre 2007 14:00, par nestor makno

        Les étudiants de rennes 2 s’opposants à la réforme de la LRU ont au moins le courage de s’opposer à une politique Tatchérienne, on peut toujours discuter de la tactique de lutte, mais sur le fond la LRU est une version 2007, de la loi Devacquet et des différentes moutures qu’elle a pû prendre depuis. Les enseignats de Rennes 2 n’ont aucune excuses quand ils laissent leur université se faire dévorer par les lois du marché. Ils ont beau jeu, eux les anciens Mao, de critiquer les grévistes d’aujourd’hui. Cette soumision totale d’une large partie de la communauté enseignante du supérieure est consternante, voilà nos « intellectuels de gauche » grands défenseurs de l’université libérale à la sauce UMP. Si vous étiez entrer dans la lutte avec les étudiants vous auriez pû faire par de vos désaccords sur les méthodes de lutte et il est fort probable que vous auriez été entendu, mais je constat que vous êtes plus occupé à critiquer les gens qui luttent qu’à resister à la politique anti sociale du gouvernement.

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        • Sur la malhônneteté intellectuelle en milieu universitaire 3 décembre 2007 23:13, par Anne Onyme (pas courageuse)

          Un maître de conférences débute sa carrière à 1600 euros net. Franchement après huit ans d’études s’il choisit l’université ce n’est pas pour le salaire ! Ok, il montera à 1800 au bout de deux ans. Je connais des chauffeurs de bus à Rennes qui gagnent le même salaire !! En tout cas, même si je partage un certain nombre d’analyses (et je salue l’effort et la longueur du texte) il y a quand même un petit quelque chose qui me gêne... pour quelqu’un qui veut défendre l’université contre les attaques libérales du gouvernement (et il y a de quoi) vous faites bien peu de cas des enseignants-chercheurs (les profs comme vous dîtes) que vous rabaissez à de simples fonctionnaires, accrochés à leur statut et à leur salaire (c’est bizarre même c’est le même discours qu’une certaine droite : les profs sont des nantis il faut en venir à un système à l’américaine avec des CDD pour tous les profs, des salaires à la tête du client, la possibilité de les licencier et j’en passe). Bref, si je vous suis les seules personnes bien à l’université seraient les étudiants bloqueurs. Oui, pourquoi pas. Mais j’aimerais savoir si vous parlez de ceux qui ont saccagé les amphis ? C’est vrai que détruire son outil de travail avec des slogans politiques et très profonds (« votre mère la grosse pute », je cite de mémoire) c’est très enrichissant et ça permet de se libérer des carcants de notre société. Soyons sérieux. Vous vouliez l’appui des enseignants-checheurs et du personnel administratif au début du mouvement ? Vraiment ? Non, je ne crois pas. Il s’agissait d’une épreuve de force avec le gouvernement et la présidence de l’université. Pourquoi pas. Je n’ai rien contre. Mais il ne faut pas après se draper dans des habits de sainte effarouchée revendiquant le sauvetage de l’université et se plaignant du peu de suivi du monde universitaire. L’université est composée d’étudiants, oui. Elle est également composée de maîtres de conférences, de professeurs, de vacataires, de PRAG, de personnels administratifs, de personnels techniques...

          Pour finir, je cite : « Si vous étiez entrer dans la lutte avec les étudiants vous auriez pû faire par de vos désaccords sur les méthodes de lutte et il est fort probable que vous auriez été entendu ». La lutte, comme vous dîtes, s’est organisée au départ par des AG étudiantes. Et par définition un enseignant-chercheur n’est plus étudiant. Y venir en nombre aurait été perçu comme une récupération du mouvement. Et, franchement, je ne pense pas que cela aurait été une bonne idée. Une AG d’étudiants c’est une AG d’étudiants. Elle est libre et décide librement. Seulement dès le départ elle a décidé d’exclure les « profs » ou, en tout cas, de ne pas les associer. Il ne faut pas venir se plaindre ensuite de la réactions de certains profs. Cette loi est une loi très technique et c’est justement son plus grand danger. Avant de décider d’occuper le hall B (tiens c’est bizarre où était les étudiants qui votaient dans la journée le soir venu ? Ne vous êtes-vous pas interrogés non plus ? Si le bâtiment B avait été occupé par 300, 400 ou 500 étudiants il en aurait été tout autrement. La présidence n’aurait pas réagi de la même manière et les profs non plus. Si les amphis du hall B n’avaient pas été saccagé, si les portes n’avaient pas été fracturées, si les extincteurs n’avaient pas été utilisés, si les tables et les chaises n’avaient pas été cassées dès le début... oui, alors oui, il aurait pu y avoir un mouvement suivi dès le début. Il fallait plutôt que de voter le blocage voter l’interruption des cours, aller discuter dans les amphis avec les autres étudiants et les profs (comme ils l’ont fait à Paris 8 notamment), demander des explications aux profs (eh oui, parfois, ils en savent un peu plus que leurs étudiants...). bref, s’appuyer sur le monde universitaire plutôt que de le rejeter en bloc dès le début : ceux qui sont contre le blocage son pour la LRU et pour Sarkozy !!! C’est n’importe quoi. C’est une fausse dichotomie. Pourquoi dans certaines universités les étudiants ont-ils réussi à bloquer leur université avec l’aide de profs et de personnels administratifs ? Une première réponse possible (la vôtre je suppose) serait de dire qu’à Rennes 2 il n’y a que des trouillards qui vivent grassement avec les impôts de tout le monde et qui ne pensent qu’à eux alors que dans d’autres universités ce sont de vrais enseignants de gauche. Oui, ok, c’est une possiblité. Mais je pense plutôt qu’à Rennes 2 les étudiants ont commencé le mouvement en étant, a priori contre les profs et la présidence soupçonné de tous les maux et manoeuvres possibles. Je ne pense pas que tous les enseignants-chercheurs de rennes 2 vous auraient suivi. non. Quand même pas... Mais en tout cas cela aurait donné plus de poids à votre mouvement, d’y associer les enseignants-cherches et les BIATOSS plutôt que de se les mettre tout de suite à dos et ensuite de pleurer parce qu’ils ne vous rejoignent pas... Il faut aussi, à un moment, s’interroger sur sa propre conduite. En espérant que la lutte continue dans d’autres universités...

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          • Dommage que tu n’aies pas été là, tu as l’air de savoir, toi, comment il fallait s’y prendre...

            Quant aux étudiants qui votent pour l’occupation et ne sont pas là pour l’assurer, je n’en pense pas moins que toi, mais ce n’est quand même pas de la faute de ceux qui, eux, y étaient... que veux tu, on n’allait pas prendre les autres par la main... Et puis je les excuse un peu (un peu seulement)... ils ont eu peur des flics qui maintenant déboulent à tout instant sur les campus, te prennent ton identité, te confisquent ton matériel (duvets, cuisine, sacs et papiers) avant de les envoyer au broyeur. Pas facile tu sais de dormir dans des amphis en craignant de se faire dégager au milieu de la nuit par des robocop armés de scies thermiques et de flash ball quand tu n’as l’impression que de défendre quelques acquis sociaux durement gagnés par quelques mobilisations antérieures... Je ne m’étonne pas de tout ça et « assume » comme vous diriez... mais n’accepte pas pour autant et m’inquiète aussi pas mal... Si vous ça vous rassure tant mieux, mais c’est qu’encore une fois nous ne sommes pas dans le même camp !

            Pour ce qui est des tags, je ne défendrais pas l’ensemble des propos c’est certain, mais m’étonne qu’on prétexte ce genre de choses et qu’on s’attache tant au matériel face à la dégradation de nos vies. Si on s’en tire avec trois amphis dégradés, on pourra dire « ouf » par rapport à la rage destructrice de certaines personnes totalement oppressées et qui, je cite un jeune de villiers le bel, vont « tout niquer ! ». Et si on s’en tire ainsi pour ce coup là, je vous conseille de vous préparer parce que ce qui se trame dans les banlieues ou dans les pays du sud pourrait bien vous revenir tel un boomrang... et ça risque d’être autre chose. Et vos grand discours n’y pourront rien changer. Seul un changement de comportement et une répartition des richesses pourrait enrayer l’explosion qui se profile et qui va faire plus de dégats croyais-moi que quelques tags qui viennent tels des avertissements... mais mauvais entendeurs visiblement... Je citerais aussi un petit texte : http://nantes.indymedia.org/article/8941

            Pour ce qui est de la dénonciation du salaire « confortable » des profs... peut-être que c’est également un constat de la droite... Je ne pense pas pour autant avoir ensuite les mêmes visées et le même raisonnement... D’ailleurs, « les profs sont des nantis », je dirais que oui pour beaucoup à la fac... mais : « il faut en venir à un système à l’américaine...etc » bah non ! Y a pas qu’un seul remède de droite aux mêmes constats ! Je ne pense même pas que ce salaire me pose le même problème que la droite... Pour moi il est juste neutralisant... Il s’agit plutôt d’un constat de classe en ce qui me concerne. Et oui, je pense vraiment qu’au delà d’un certain seuil par foyer, on vit à droite et ce même malgré toute la tradition de « prof de gauche » que l’on peut brandir. Par conséquent les profs, entre autre par leur salaire (mais pas seulement. Le maitre de conf de début de carrière a un autre problème) se sentent dispensés de toute mobilisation !

            Comme de nos jours on semble ne plus pouvoir se mobiliser pour autre chose que son pouvoir d’achat et bien voilà... Ils sont absents !

            Les AG ne sont pas des AG étudiantes ! On l’a assez dit, notamment en revendiquant l’accès aux chomeurs et aux secteurs professionnels ! Les AG se déroulent en plein air... difficile de faire plus ouvert ! Les profs auraient été les bienvenus... mais les quelques uns qui sont venus n’ont jamais pu retirer leur costume de profs et nous ont tenu, à trois semaines de mouvement (c’est déjà tard), des discours moralisateurs affligeants sur un ton paternaliste. Comment voulez-vous qu’on le prenne ? J’ai eu l’impression de me retrouver en cours (et la forme actuelle des cours ne me convient déjà pas !) Ils sont incapables de tenir une autre posture face à la jeunesse : autoritaire, méprisant, moralisateur, prétentieux et puant...

            Et si ces profs n’arrivent pas à se mobiliser par eux même et pour eux mêmes en fonction de leurs convictions, de leur positionnement par rapport à cette loi, et de la condition d’exercice de leur fonction et qu’ils doivent toujours observer ce qui se passe autour sans trop se mouiller, et bien ils ne savent tout simplement pas se que veut dire s’engager et ils ont donc clairement choisi leur côté...

            Il faudra simplement assumer et ré-accueillir au bas de son amphi et dans ses salles de cours, une jeunesse (étudiants, lycéens, chomeurs et jeunes des cités puisqu’on a tout eu ces derniers jours)... une jeunesse donc, trahie par ses enseignants, victime de l’inertie de ses parents et de leur héritage, matraquée par ses flics, oppréssée par le pouvoir et la hierarchie de ses établissements, harcelée par son gouvernement... Bref, une jeunesse en conflit avec les adultes bien-pensants et surtout bien vieux...

            Je n’aimerais pas être à votre place... Vous niez la jeunesse... Vous la detestez par vos agissements... elle va vous haïr...

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            • Sur la malhônneteté intellectuelle en milieu universitaire 5 décembre 2007 14:43, par Anne Onyme (pas courageuse)

              C’est une menace la fin de votre message ?

              Quand je lis « Ils [les profs] sont incapables de tenir une autre posture face à la jeunesse : autoritaire, méprisant, moralisateur, prétentieux et puant... » je trouve cela bien dommage que vous ayez cette vision des enseignants-chercheurs. Que cela existe je ne le nie pas mais, généralement, ces personnes là ne viennent pas vers les étudiants ne s’intéressant qu’à leur carrière.

              Si vous pensez qu’il est possible de construire une université sans enseignant-chercheur, où tout le monde serait égaux et apprendrait aux autres c’est, à mon avis, ne pas comprendre l’objectif de l’université. Il y a, de fait, un rapport inégalitaire entre étudiants et enseignants. Les uns ne savent pas et sont là pour apprendre, les autres savent et sont là pour enseigner. C’est comme ça. On ne peut pas apprendre à lire ou écrire tout seul. A l’université c’est la même chose.

              « Et oui, je pense vraiment qu’au delà d’un certain seuil par foyer, on vit à droite » : j’espère donc, pour vous, que vous ne dépasserez jamais ce seuil et que vous serez toujours au chômage pour rester à gauche. Personnellement j’espère pourvoir gagner plus d’argent pour payer plus d’impôts (pour financer les services publics), pour financer les organisations syndicales ou les ONG. C’est bizarre comme conception de vouloir que tout le monde gagne moins d’argent pour être capable de se mobiliser, non ? Mais, visiblement, mes 1600 euros mensuel doivent me monter à la tête... ça y est je suis un social-traître ! :o)

              « mais m’étonne qu’on prétexte ce genre de choses et qu’on s’attache tant au matériel face à la dégradation de nos vies » : oui, c’est vrai vous avez raison. Détruisons tous les bâtiments saccageons-les même. Après tout vous même vous êtes un nanti. Vous êtes étudiant (enfin je suppose) à l’université. Franchement ça fait déjà de vous un petit-bourgeois... allez plutôt travailler à l’usine !

              C’ets bien joli de faire grève quand on est étudiant et qu’on a papa-maman derrière soit... Regardez celles et ceux de la RATP qui vont voir leur salair de décembre amputé des jours de grève. Quand on a une famille à nourrir et qu’on gagne environ 3000 euros pour un couple (oui, oui, ils sont déjà à droite ) ça va se sentir directement l’engagement.

              A l’université aussi. Chaque jour de grève doit être déclaré et ne sera pas payé.

              « Et puis je les excuse un peu (un peu seulement)... ils ont eu peur des flics qui maintenant déboulent à tout instant sur les campus, te prennent ton identité, te confisquent ton matériel » : vous êtes plus gentil avec vos cammarades qu’avec vos enseignants ! Rennes 2 n’est pas Grenoble ou Nanterre. Les CRS ne sont venus que 2 fois et, lors du mouvement contre le CPE, 1 fois. Il n’y a pas eu de violence. Et je vous assure que la décision a été difficile à prendre. Mais je ne vous convaincrais pas, je le sais, et vous continuerez de penser que la présidence de Rennes 2 est sarkozyste et ne contient que des fachos. Mouais, croyez-le si vous voulez. C’est plus simple comme ça. La société n’est pas noir ou blanche. Il existe des nuances. Mais c’est trop compliqué de réfléchir. Il vaut mieux exclure et refuser de discuter. Si vous n’êtes pas avec moi (même dans mes excès) vous êtes contre moi... D’accord, alors je suis contre vous.

              Je vous souhaite de ne jamais devenir comme moi. Moi, je ne suis déjà plus comme vous...

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              • Ce n’est pas une menace... On n’en est plus là ! Ce n’est même plus un avertissement... C’est un constat !

                Je partage ta conclusion... ça nous fait un point en commun...

                Pour le reste, un monde nous sépare... et ça se sent jusque dans les limites de ce que tu sembles capable d’imaginer du mien...

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            • Merci à Anne Onyme de rétablir un peu de bon sens.
              Merci aux donneurs de leçons qui savent tout. Cela me rappelle les consultations lycéennes où on demande aux lycéens ce qu’ils veulent apprendre. C’est une manière de procéder, genre marketing. Autrement dit, je dois apprendre auprès des étudiants comment moi, enseignant, je devrais me comporter vis-à-vis d’eux et de la LRU : là est la bien-pensance tant décriée.
              Encore un mot : cessez de vous croire victimes (« oppressés », « harcelés »... par un gouvernement à qui vous demandez sans cesse plus). Dans quel monde chimérique vivez-vous ? Sortez des slogans conventionnels et creux du genre « police partout, justice nulle part », car vous n’êtes pas des victimes, ou alors seulement imaginaires. La comparaison avec Villiers-le-Bel est obscène : vous allez encore dire que c’est la faute aux flics et au gouvernement. Discours religieux, halluciné et sectaire. Tout comme l’idée que le hall B aurait été « repris » après les deux évacuations. Vous vous croyez à Gaza ? à Stalingrad ? à Verdun ?
              Les révolutionnaires d’opérette sont finalement sympathiques.

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  • Salut, ancien étudiant de Rennes II, ayant connu les mouvements anti-CIP de 1994 et d’après, je suis assez d’accord avec cette longue analyse. Apparemmemnt les choses ne changent guère dans un sens positif à l’université, comme ailleurs. L’individualisme de la corporation des universitaires est séculaire. D’ailleurs en 1968 une bonne partie des mandarins étaient contre le mouvement.

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