Des détracteurs de la psychanalyse, qui influencent des agences gouvernementales, et auxquels la presse accorde un bon accueil, font répétitivement état de contre-vérités quant à la prise en charge psychanalytique des autistes en France et quant à la supposée scientificité à cet égard des thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Il nous paraît utile de rappeler ici quelques données essentielles.
La cause de l’autisme reste insaisissable. Sa nature même fait encore débat. Il n’en existe ni thérapie génique, ni médicamenteuse. Pourtant, il est souvent affirmé que : « les troubles du spectre autistique ont toujours une cause neurologique/biologique ». Cette déclaration péremptoire devrait être nuancée : même si la biologie joue un rôle causal dans l’autisme, elle ne peut en aucun cas prédire le devenir du sujet autiste, son évolution étant dans la dépendance de facteurs multiples. Qui plus est, même si les études de jumeaux monozygotes, dont l’un est autiste, semblent attester une causalité génétique de l’autisme, elles ne parviennent jamais à un taux de concordance de 100 %, ce qui laisse subsister une importante part d’énigme. Selon une méta-analyse récente, la correspondance peut varier entre 64 et 91 % (1). Qui plus est, il est établi que l’environnement de deux jumeaux monozygotes exerce une forte influence sur la gravité de leur autisme (2), et que l’environnement modifie l’expression des gènes (3). Les nombreuses études sur la genèse biologique de l’autisme aboutissent aujourd’hui à une détermination génétique hétérogène, polygénique, sans gène clé, qui produit une accumulation de données éparses que rien ne parvient à regrouper (3). Bref, les données scientifiques actuellement disponibles conduisent à conclure que les causes de l’autisme sont, non pas neurobiologiques, mais multifactorielles, et que le développement du sujet autiste n’est pas fixé dans ses gènes. L’autiste est un sujet plastique dont le mode de prise en charge influe de manière décisive sur son développement. Le débat porte aujourd’hui sur la manière de l’envisager, soit en prônant des méthodes qui invitent à forger l’autiste sur le modèle de son éducateur, soit en considérant qu’il s’agit de stimuler ses capacités de développement. Les méthodes cognitivo-comportementales optent pour la première approche, les méthodes psychodynamiques plus ou moins inspirées par la psychanalyse, les méthodes développementales et les méthodes centrées sur les interventions dyadiques comme le PACT (Pediatric Autisme Communication Therapy) choisissent la seconde.
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