C’est le président Jacques Chirac qui, tout fier lundi (30 octobre 2006) soir a annoncé lui-même, dans une interview mise en ligne sur le site internet du Figaro, que le taux de chômage était enfin passé à 8,8%.
Voici ce que nos élus nationaux ont oublié au passage :
1- Les décomptés
54.000 stagiaires de la formation professionnelle, non comptabilisés comme demandeurs d’emploi mais sans emploi.
2 - Les radiés
36.190 radiations (elles ont augmenté de 8,7% sur les trois derniers mois par rapport à la même période de l’année précédente).
3 - Les dispensés de recherche d’emploi
On évalue à plus de 411.000 le nombre de personnes dispensées de recherche d’emploi en raison de leur âge (57 ans), donc non comptabilisés.
4 - Les exclus de l’indemnisation
Chaque mois, 70.000 chômeurs sont exclus de toute indemnisation du fait de la réduction des durées d’indemnisation du régime d’assurance chômage.
5 - Les emplois aidés et autres contrats sans avenir
Sont oubliés également tous les emplois aidés, « qui sont des mi-temps au demi-Smic ». Les emplois créés depuis un an sont majoritairement des emplois aidés :
- 212 000 CIVIS (Contrat d’Insertion dans la vie active),
- 47 000 contrats d’avenir,
- 166 000 contrats d’accompagnement dans l’emploi...
Ces contrats sont précaires, subventionnés, et sans aucun recrutement durable. Ils alimentent le chômage caché.
6 - Les plus de 78 heures par mois, les temps partiels.
Depuis 2005, la moitié des embauches concerne des CDD de courte durée (1/3 ont une durée de moins d’une semaine). Or, quand on travaille plus de 78 heures par mois, on sort des chiffres du chômage...
7 - Les chômeurs invisibles
Ce sont les chômeurs des DOM (La réunion, la Gaudeloupe, la Martinique) qui ne figurent pas dans les résultats mensuels, les précaires et les emplois aidés « non disponibles immédiatement ».
Il faut y ajouter ceux n’ont pas assez cotisé pour ouvrir des droits (jeunes diplômés, personnes dont le conjoint travaille et qui sont en recherche d’emploi). Ne pouvant prétendre à aucun accompagnement, nombre d’entre eux ne voit pas l’intérêt de s’inscrire et de pointer à l’ANPE (notamment les moins de 25 ans qui ne bénéficient même pas du RMI) : ils sont donc exclus des statistiques.
8 – Les Intérimaires :
+ 8,6% sur un an.
Donc, chaque mois, depuis plus d’une année maintenant, « le chômage baisse »… Jusqu’à l’élection présidentielle de 2007, le chômage va baisser…
En réalité :
1 – Le chômage réel
L’INSEE estime qu’il y a de 5.848.000 chômeurs « équivalent temps plein » sur une population active occupée de 24.921.000 personnes. Pour 2005, il estime que le taux de chômage en équivalent temps plein est à 20,9%...
NB : le chiffre officiel du chômage ne tient compte que des demandeurs d’emploi de catégorie 1 (alors qu’il y en a 8), c’est-à-dire à la recherche d’un CDI et immédiatement disponibles (donc pas les stagiaires, les intérimaires, les vieux…). Ces demandeurs d’emploi « officiels » ne représentent que 57% de tous les inscrits à l’ANPE.
2 – Les précaires
Enfin, les médias oublient de dire que pendant ce temps le nombre des RMIstes a explosé : + 20% depuis 2002. 1,2 million d’allocataires du RMI (revenu minimum d’insertion, créé en 1988 et versé par la CAF) dont l’immense majorité ne peut plus aller à l’ANPE et échappe aux chiffres du chômage. Mais pas d’affolement : les conditions d’attribution du RMI vont se durcir. On aura enfin de vrais pauvres qui pourront vivre en bidonville.
Ils l’on dit :
Jean-Pierre Revoil, le directeur général de l’Unedic, a déclaré en février dernier : Le chômage est à 12%...
De Jack Lang en passant par François Bayrou ou Philippe de Villiers, sur le plateau d’Arlette Chabot en avril dernier, nous étions 5 millions de chômeurs en France, tout le monde est d’accord !
Sans oublier, Jean-Louis Borloo qui a annoncé 4 millions de chômeurs, ou les récents propos de François Chérèque de la CFDT, qui les estime « entre 3,5 et 4 millions »...
source desmotscratie
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