Des soldats blessés dans l’embuscade de Saroubi évoquent dans Le Monde des erreurs de commandement et de coordination lors de l’opération qui a fait 10 morts et 21 blessés.
Dans le même temps, des proches des victimes dénoncent les conditions dans lesquelles des jeunes soldats sont envoyés sur un terrain extrêmement périlleux.
« Il ne fallait pas envoyer ces jeunes au casse-pipe. Maintenant, c’est arrivé, le pire », a déclaré à Reuters Roland Grégoire, oncle d’un caporal tué lundi à Saroubi.
En réponse aux polémiques naissantes, le général Elrick Irastorza, chef d’état-major de l’armée de terre, a assuré que cette opération serait décortiquée « pour améliorer les procédures, la façon de travailler. »
« On tire toujours les enseignements d’incidents comme cela, et surtout de la gravité de celui-là, mais rien ne remettra en cause le choix que nous avons fait avec 45 pays de défendre la liberté et la sécurité du monde », a déclaré pour sa part le Premier ministre, François Fillon.
Mardi, le général Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major des armées, avait estimé lors d’une conférence de presse à Paris « qu’il n’y avait pas eu d’erreurs des soldats sur le terrain. »
Selon des témoignages anonymes recueillis mercredi par Le Monde, le nombre des victimes lors du guet-apens de lundi et mardi s’expliquerait par « la lenteur de la réaction du commandement et de sérieux problèmes de coordination. »
« PLUS DE MUNITIONS »
L’unité de reconnaissance chargée d’approcher le col à pied « est restée sous le feu ennemi pendant près de quatre heures sans renfort », raconte un soldat. « Nous n’avions plus de munitions pour nous défendre avec d’autres armes que nos Famas », ajoute-t-il.
Le quotidien ajoute que les frappes aériennes de l’Otan visant à permettre aux soldats de s’extraire du guet-apens ont parfois raté leur cible et « touché des soldats français. »
En outre, les communications radio auraient été coupées avec les unités du Régiment de marche du Tchad en appui au sein du convoi.
Pour le Monde, contrairement à la version officielle, les victimes ne sont pas toutes mortes lors des premiers tirs ennemis mais « au fil des affrontements. »
« Il est vraiment facile de juger de très loin dans son fauteuil. Il faut prendre le déroulement de toute l’opération dans le détail, à tête reposée », répond le lieutenant-colonel Bruno Louisfert, adjoint à la communication du général Michel Stollsteiner, commandant de la région de Kaboul.
« Il y a un temps pour la compassion, la solidarité avec les familles. Passé ce temps là, nous allons, en vrai professionnels - car c’est une armée de métier -, décortiquer toute cette affaire et en tirer tous les enseignements », a renchéri le général Irastorza sur RTL.
« A chaque fois que nous avons un incident de ce type, à chaque fois que nous avons un engagement opérationnel, nous avons des procédures de retour d’expérience, nous analysons ce qui a été fait, ce qui aurait peut être pu l’être, et nous en tirons des conclusions », a-t-il ajouté.
Dans l’entourage du ministre de la Défense, Hervé Morin, on confirme qu’il y aura des « éclaircissements » sur les événements dans le cadre de la procédure menée systématiquement après un tel événement.
Mais des proches des victimes expriment leur « colère ».
« Là bas, c’était trop dangereux. L’histoire l’a prouvé. Ou alors, ils étaient trop jeunes, ou ils manquaient de matériel. Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont morts dans une embuscade, comme du gibier », dénonce Roland Grégoire.
Dans Midi-Libre, son neveu, Julien Grégoire, juge « anormal d’envoyer des jeunes se faire tuer dans un pays où nous n’avons rien à faire. »